
Reconstruction courageuse du lien mère-fille
15 novembre 2021
Les 6 conseils essentiels autour de la crise
11 mai 2022[toc]
Pour la plupart des gens, quand on voit un enfant se rouler par terre en hurlant dans un magasin, la pensée qui vient naturellement est « Cet enfant fait un caprice ».
Et pourtant, cette interprétation du comportement de l’enfant est erronée. Oui, les tout-petits font de nombreuses crises mais il ne s’agit pas de « caprices ». En fait, sont communément appelés « caprices » les crises de l’enfant que les adultes ne comprennent pas.
C’est pourquoi il me tient à cœur de vous aider à changer votre façon de penser et mieux comprendre pourquoi un enfant est en crise. Je vais vous éclairer sur l’origine des crises appelées communément « caprices » et vous donner 5 raisons pour lesquelles un caprice n’en est pas un. Il vous sera alors plus facile de garder votre calme si vous savez que votre enfant ne se prend pas l’enfant-roi ! Bien au contraire…
Vous découvrirez alors pourquoi un enfant peut se comporter ainsi et pourrez même comprendre ce qu’il vit. Cette découverte vous permettra d’avoir conscience de ce qui se passe en amont de ces crises et bien évidemment de les éviter en suivant quelques conseils.
1ère raison : Avant la crise, il y a une réelle demande
Lors d’un atelier entre parents, j’étais en train d’expliquer ce processus. Une maman me dit que c’était pourtant bien un caprice que son enfant avait fait 2 jours avant. Je lui demande alors de nous raconter la situation : Ils étaient sur le trajet du retour à la maison, l’enfant ne voulait plus marcher, se roulait par terre en demandant les bras de sa maman. En aidant cette mère à retracer l’histoire en amont, elle s’est souvenue qu’en effet l’enfant avait dit avoir mal à une jambe et avait demandé gentiment à s’asseoir sur l’avant de la poussette de son cadet. Elle n’y avait pas accordé d’importance car il ne s’était pas plaint plus que ça, autrement dit il n’avait pas fait de crise. Ca n’avait donc pas été bruyant ni dérangeant. Cependant, l’enfant se sentant incompris et sa demande ignorée, commença alors à avoir des angoisses en plus de sa réelle douleur à la jambe. Il a patienté puis a renouvelé sa demande mais cette fois, accompagnée des émotions qu’il avait cumulées. Il était devenu beaucoup plus bruyant et voulait a présent être dans les bras, son besoin d’être rassuré ayant pris de l’importance.
La crise dite « caprice » n’est pas toujours générée par le refus lui-même, mais aussi et parfois bien davantage par notre comportement de parent.
Lorsque l’enfant, par le biais d’un besoin ou d’une envie non entendue, constate que son parent ne lui accorde pas d’attention et pense alors qu’il n’est pas important aux yeux de son parent. Ce constat vient alors prendre le dessus sur son besoin initial car le besoin d’être sûr du lien parent/enfant est le plus important de tous les besoins vitaux.
Si l’enfant n’est pas entendu, il va reporter son besoin de vérifier qu’il existe à vos yeux avec plusieurs autres demandes à la suite, qui auront bien moins d’importance en réalité. Et c’est là que vous n’y comprendrez plus rien !
Vous pourrez alors suivre les 5 conseils que je donne en 2ème partie de cet article pour gérer la crise.
2ème raison : L’enfant est beaucoup plus patient qu’on n’imagine
L’enfant est petit, impuissant et dépendant au sein de notre monde d’adultes.
L’enfant aime jouer et « marche au plaisir » et pourtant, il doit se plier à l’obéissance et aux horaires, aux règles de la société et de l’école/crèche et contenir son énergie, résister à de nombreuses tentations pendant les courses et rester sage pour que Maman puisse se concentrer, mais aussi supporter les contraintes de la maison et celles des parents (qui, bien souvent, le mettent de côté).
En plus de leurs obligations, les adultes décident aussi du reste ! Comme répondre favorablement ou non aux envies des petits ou donner priorité aux leurs si elles ne sont pas les mêmes !
La majorité de l’éducation les contraint à faire cesser le plaisir dans lequel ils étaient.
Alors quand le parent ne prend pas le temps de savoir quelle est la demande qu’il est en train de formuler, c’en est trop ! L’enfant se comporte alors plus bruyamment ou commence à manifester un début de crise.
C’est à ce moment-là que notre attention se tourne vers lui. On commence à s’interroger sur le pourquoi de son comportement « Mais qu’est-ce qu’il a ?? ». Un peu trop tard…
Souvenez-vous de chaque situation vécue avec votre enfant avant la crise. Remontez dans le temps, parfois quelques minutes, parfois plusieurs heures, car l’enfant peut être très patient. Nous, parents, qui avons tant de préoccupations dans une journée, ne prenons parfois pas la mesure de nos refus. L’enfant patiente, « encaisse », cumule les déceptions sans qu’on s’en aperçoive. Et PAF il part en crise ! Beaucoup de parents me disent « d’un coup, comme ça, pour rien !» Et pourtant…
Alors, en toute honnêteté, nous ne pouvons qualifier une crise venant dans ce contexte, de caprice.
Conseil : Assurez-vous du juste équilibre pour que chacun de vous garde le moral ! Pour cela :
– faites attention de ne pas le mettre de côté en répondant à vos contraintes et envies en priorité.
-Répondez parfois favorablement à ses demandes, l’adulte n’est pas prioritaire.
-Et de temps en temps, surprenez-le en devançant ses désirs !
3ème raison : Avant 7 ans, la capacité de self-control de l’enfant n’est pas acquise
En cas de frustration, ce qui paraît un détail insignifiant pour vous peut être très important pour lui.
Sachez que la frustration soulève des émotions négatives très fortes. Imaginez qu’on vous envoie plusieurs balles de jonglage à la fois mais que vous ne savez pas comment toutes les réceptionner. Il se passe la même chose pour votre enfant lorsqu’il a toutes ces violentes émotions dans son corps et sa tête alors qu’il ne sait pas les gérer.
Voilà pourquoi il est tout à fait normal que votre enfant se mette dans tous ses états simplement quand vous lui refusez quelque chose.
Alors, pour peu qu’il ait déjà accumulé un certain nombre de frustrations en amont ou qu’il ne se sente pas au mieux de sa forme, la crise éclate. Il n’est pas en mesure de contrôler ses gestes et ses mots. Les sentiments qui le traversent sont réels : frustration, stress, mal être aigu. Bien que vous lui demandiez de se calmer, il continue de crier, et se roule même par terre ! Ce n’est pas qu’il ne veut pas se raisonner, c’est qu’il ne le peut pas.
Refuser quelque chose à l’enfant, le décevoir ou le frustrer, déclenche chez lui une réelle douleur. Il n’en fait pas le choix, il ne vous manipule pas, et d’ailleurs il s’en passerait bien ! Car c’est une véritable tempête dans tout son corps, une crise de nerfs incontrôlable. Il subit de plein fouet les émotions qui le submergent sans pouvoir les maîtriser.
Conseil : Il a besoin de vous, sa maman, son papa, pour l’aider à traverser cette tempête émotionnelle violente et douloureuse même s’il vous donne l’impression du contraire avec ses gestes brusques, ses cris et sa tendance à vous repousser.
4ème raison : L’enfant vit dans le présent
Prenons l’exemple de la piscine où les enfants ne veulent jamais sortir de l’eau lorsqu’il est temps de partir. Ils sont mentalement et physiquement dans l’instant présent. Leur cerveau n’a pas encore acquis la capacité de se projeter dans le futur comme nous le faisons, de prévoir par exemple que la température va baisser, que l’heure du dîner approche, qu’il faut donc cuisiner et aussi prendre la douche. Non, les enfants s’amusent sur le moment et c’est tout ce qui compte. Si on les laissait seuls dans cette piscine, ils s’apercevraient que ce n’est plus agréable d’être là, qu’ils ont froid et faim, une fois la nuit tombée !
Nous adultes, pensons la plupart du temps en terme de finalité : notre cerveau nous permet de nous projeter instantanément dans le passé ou dans le futur. Nous planifions nos activités dans un but précis. Il ne pense pas aux conséquences de ses actions au moment où il les réalise. Par exemple, les enfants aiment sauter dans les flaques d’eau, ce qui agace beaucoup de parents qui ne veulent pas qu’ils soient mouillés ou se salissent. Mais eux ne pensent pas qu’ils vont être mouillés, qu’ils risquent d’attraper froid ensuite, que cela va demander du travail supplémentaire à leurs parents.
Tout ce qu’ils pensent à ce moment-là, c’est qu’ils ont très envie de sauter dans cette flaque pour en savourer les sensations ! Avant 4 ans, il est quasiment impossible pour un enfant de se détourner seul de l’image mentale que son cerveau vient de se fabriquer : sauter dans la flaque d’eau. Forcément, ces différences sont source de nombreux conflits entre adultes et enfants.
Dans ce type de situation :
-Prévenez-le en amont plutôt qu’au dernier moment
-Définissez un temps précis de jeu supplémentaire
-Dites-lui concrètement ce que vous allez faire ensuite
-Impliquez-vous dans le dernier temps de jeu
5ème raison : Les enfants ne sont pas manipulateurs
Comme l’a écrit Isabelle Filliozat dans son ouvrage Au cœur de nos émotions, « Le « caprice » tel qu’on l’entend induit la notion de manipulation : l’enfant se mettrait dans tous ses états pour obtenir ce qu’il veut. Lorsqu’un adulte ne mange pas, on dit qu’il n’a pas d’appétit. Lorsqu’un enfant ne mange pas et refuse de manger lorsqu’on insiste, il « fait un caprice ». Lorsqu’un adulte ne veut pas dormir, on comprend qu’il n’a pas sommeil. Lorsqu’un enfant ne veut pas dormir et qu’il refuse d’aller au lit sous la commande de l’adulte, il « fait un caprice » ».
Et non… Les enfants sont plein de positivité, aiment la vie et le bonheur, et sont bien plus innocents qu’on ne l’imagine. Oui, ils peuvent avoir des comportements qui nous dérangent, mais ils ne le font pas contre nous ni exprès pour nous embêter. En cas de crise, l’enfant ne fait pas de la comédie, ce n’est pas qu’il cherche à vous manipuler pour parvenir à ses fins.
Maria Montessori insistait beaucoup sur ce point : « l’enfant est un « être d’amour » qui aime ses parents, et ne cherche jamais à les fâcher. Les conflits viennent de l’adulte qui ne comprend pas l’enfant au fonctionnement si différent. »
Si on leur fait confiance, qu’on les respecte, qu’on leur laisse le temps d’apprendre, alors on constate qu’ils sont pleins de bonne volonté et sont même capables d’autodiscipline.
6ème raison : Il est en manque d’attention et d’amour
L’enfant a besoin de moments privilégiés avec ses parents, où ils sont pleinement disponibles pour lui. Les câlins, mots doux et autres manifestations d’amour, les vrais moments de jeux, contribuent à remplir son réservoir affectif.
Si son réservoir se vide, les angoisses montent. Et la crise n’est pas loin…
En conclusion, votre enfant n’est pas un « enfant capricieux », il peut se sentir mal pour de nombreuses raisons qu’il faut essayer de décoder.
N’oubliez pas que votre enfant vous a fait une demande, soit plus importante que vous l’aviez considérée, soit trop silencieuse pour que vous lui ayez accordé votre attention.
Faites-lui plaisir autant que vous le pouvez et si toutefois vous devez refuser, sachez que le refus qui fait partie intégrante de l’éducation peut être vécu dans le respect et la compréhension par les 2 parties.
Ne pas qualifier de « caprices » les émotions exprimées par votre enfant vous permettra d’apprendre à le connaître, le respecter dans sa personnalité en construction et assurer la confiance entre vous pour la période d’adolescence.
Si vous avez déjà été confronté à une de ces situations et que vous avez besoin d’aide.