6 astuces pour vous aider quand votre enfant négocie
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15 novembre 2021[toc]
Vous êtes de nombreux parents à me dire que vos enfants ne supportent pas la frustration. La frustration se définit par « l’action de frustrer quelqu’un d’un bien, d’un avantage » et par « l’état de quelqu’un qui est frustré, empêché d’atteindre un but ou de réaliser un désir ». La frustration est une réponse émotionnelle à l’opposition ressentie. Liée à la déception voire la colère, elle peut subvenir face à une résistance, que l’on pense percevoir, à l’encontre de sa volonté ou de ses désirs.
Il est difficile pour quiconque et plus particulièrement pour l’enfant de se priver de plaisir par obligation (lui dont la vie ne pourrait être faite que de jeu) et de mettre à distance une envie ou un besoin pour le reporter voire l‘annuler. Et notre rôle de parent à devoir inévitablement frustrer notre enfant peut être douloureux pour nous aussi.
Cependant, la frustration est inévitable au présent et pour le futur de chacun, elle est inhérente à la vie tout simplement. Alors nous allons voir dans cet article ce qu’est la frustration et comment votre enfant la vit à l’intérieur de lui. Nous verrons également comment aider nos enfants à accepter plus facilement la frustration et surtout les 4 erreurs à ne pas commettre en tant que parent si on veut éviter la crise !
Comportement n°1 : Se désolidariser
La 1ère et la plus importante car elle peut également être présente de manière invisible dans les 3 autres réactions plus bas, est de se désolidariser de son enfant.
Lorsque nous sommes fatigués ou pris mentalement par autre chose que l’instant présent, nous cherchons à nous protéger de tout ce qui se passe autour pour ne pas être davantage en surcharge mentale (ou de fatigue). Nous avons tendance à mettre temporairement nos enfants dans une barque à côté de notre bateau, on aimerait en quelque sorte naviguer seul quelques minutes et être tranquille.
Même si on ne lui dit pas, l’enfant le ressent. Il se sent mis de côté, en trop et en seconde position par rapport à notre souci. En conséquence, il va se manifester davantage par besoin de vérifier que son parent lui accorde de l’importance. Que ce soit avec des cris, de la colère, une négociation oppressante ou des pleurs, son comportement accaparera toute votre attention et vous prendra beaucoup d’énergie.
Dans une situation de frustration, en nous protégeant, nous ne faisons pas alliance avec la déception de notre enfant. C’est alors qu’on se désolidarise de lui. Ce qui angoisse considérablement les enfants.
L’enfant a besoin de sentir qu’on est disponible mentalement pour lui et à son écoute, autrement dit qu’il soit notre priorité quels que soient nos soucis. Vous allez me dire « Ce n’est pas si simple quand on est fatigué ! ». C’est exact.
Je vous propose de gérer cette situation comme ceci !
Il est important de rester solidaire à nos enfants et je vais vous expliquer comment. Nous avons tout intérêt à toujours garder nos enfants dans notre bateau et à naviguer ensemble. Vous aimeriez également respecter votre état de fatigue ou de charge mentale alors c’est le moment du donnant/donnant, du compromis et du lâcher prise.
Vous pouvez lui dire que vous êtes fatigué, qu’il ne doit pas crier pour prendre soin de votre tête et en échange, vous prenez soin de ce qu’il aime en lui accordant, par exemple, quelques minutes de plus au parc, une pâtisserie que vous lui achèterez au retour pour le dîner, un jeu calme que vous ferez avec lui en rentrant à la maison, etc.
C’est ainsi que vous êtes solidaire à lui et dans le même bateau de la vie, avec ses contraintes et ses plaisirs. Ce genre de « pacte » lui apprend à respecter ce que vous vivez, chose qu’il ne peut pas faire s’il ne navigue pas avec vous. Vous verrez, cela vous fera gagner du temps et de l’énergie !
Une autre manière de se désolidariser est la simulation de l’abandon. Cette variante est plus flagrante et annoncée.
Prenons l’exemple du parc où le moment serait venu de partir. Votre enfant n’a pas envie de quitter cet endroit. Il fuit ou se cache, s’oppose, se met en colère, crie, pleure, négocie ou remet en question votre décision. Afin de vous ménager, vous ne souhaitez pas vous énerver alors vous avez recours à cette solution efficace et radicale : c’est le classique « Bon ben moi j’y vais ». Votre enfant arrive en courant et en pleurant. Il obéit par peur que vous partiez sans lui…
Comportement n°2 : Se mettre en colère
En réaction binaire, lorsque notre interlocuteur devient agressif, nous le devenons nous aussi car nous avons tendance à aller naturellement sur le registre sur lequel on nous invite. Ce qui amène le parent, plus ou moins rapidement, sur le terrain du conflit ou de la colère face à la frustration de l’enfant, parfois même elle la précède.
Les raisons éventuelles de la colère face à la frustration de son enfant peuvent être le besoin de montrer son autorité, l’espoir de faire taire toute revendication, la frustration de ne pas pouvoir faire plaisir à son enfant ou encore une décision fragile à l’intérieur de soi à laquelle on donne du poids par un semblant de colère.
En cas de frustration mais aussi dans notre quotidien familial, nous devons être vigilants sur les places de chacun : les enfants sont des enfants et nous, parents, sommes des adultes. Cela paraît évident et pourtant, il nous arrive parfois de quitter notre place d’adulte pour tomber dans des conflits qui ne devraient pas avoir lieu avec nos enfants. En tant qu’adulte, notre devoir est de gérer nos émotions face à nos enfants, qui eux, ne savent pas encore bien le faire.
La frustration chez l’enfant est un sentiment extrêmement fort à vivre avec des émotions puissantes et s’exprimer permet à l’enfant d’extraire de son corps cette tempête de frustration.
Dans cette tempête, il aura beaucoup de difficultés à contrôler ses mots et ses gestes. N’en soyez pas offusqué si certains de ses mots sont agressifs, c’est simplement la colère et la frustration qui sortent. Ne le soyez pas non plus si certains sont orientés vers vous, c’est simplement que vous êtes celui ou celle qui a fait l’annonce générant cette frustration. Vous êtes aussi la personne en qui il a le plus confiance au monde : sa maman ou son papa, c’est pour cette raison qu’avec vous il peut se permettre de s’exprimer.
Si vous le disputez lorsqu’il exprime son mécontentement, cela implique qu’il doit à présent contrôler 3 plans à la fois : 1 sa 1ère frustration, 2 s’obliger à contenir cette tempête d’émotions négatives à l’intérieur de lui pour ne pas vous contrarier davantage et 3 les angoisses que lui donnent votre colère. Être en colère contre lui alors qu’il est en souffrance le met par conséquent dans une position très difficile et renforce le conflit.
Voici comment garder votre calme
Votre enfant a besoin que vous soyez empathique et que vous l’aidiez à porter ces émotions si désagréables.
Pour cela, prenez-le dans vos bras si c’est possible. Sans le réprimander sur les mots qu’il emploie, expliquez-lui qu’il n’a pas à vous en vouloir, que vous ne voulez pas le priver de ce plaisir ou être contre lui, et les bonnes raisons de votre décision. Expliquez-lui aussi qu’il serait plus agréable qu’il ne réagisse pas comme ça à chaque fois, car il retire du plaisir au moment qu’il vient de passer.
Vous pouvez simultanément accompagner votre enfant dans son sentiment désagréable, le soutenir et vous exprimer avec douceur tout en maintenant votre décision fermement à l’intérieur de vous.
Ceci, après avoir vérifié que votre décision n’est pas modifiable. Lorsque c’est possible, n’hésitez pas à le faire, vous ne perdrez aucunement en autorité.
Comportement n°3 : Jouer l’indifférent
Lorsque l’enfant manifeste son mécontentement suite à la décision du parent, nous pensons parfois qu’en jouant l’indifférent, cela va passer plus vite.
En effet, certains parents me disent que lorsque leur enfant se comporte de manière négative à la maison, s’ils y sont indifférents, cela fonctionne, l’enfant s’arrête et passe à autre chose. (Attention, cela peut fonctionner si on travaille sur le renforcement du comportement positif en parallèle !).
Or, ici, en cas de frustration, c’est bien différent et je vous déconseille fortement de jouer l’indifférence face à la frustration de votre enfant. Car l’enfant a besoin de se sentir entendu, écouté, et non annulé et ignoré.
D’autant plus que « jouer » l’indifférence implique inévitablement qu’une partie de nous essaie d’être indifférent et l’autre partie est attentive au résultat qui va en découler.
Alors voici le comportement le plus efficient à adopter
Soyez totalement attentif à sa réaction car, vous en avez déjà fait l’expérience de nombreuses fois, la frustration est un sentiment très difficile à vivre, à supporter et à gérer.
Vous pouvez donc prendre en compte ce que votre enfant vous dit suite à votre décision, et même lui poser des questions pour mieux le comprendre. Il se sentira écouté et intéressant et vous pourrez à votre tour lui proposer un arrangement ou le cas échéant, plus facilement lui faire comprendre les raisons de votre décision inchangeable.
Comportement n°4 : Menacer de punition
En tant que parents, nous faisons très souvent l’erreur d’ajouter de la frustration à celle de départ. Espérant que notre enfant acquière de la sagesse, il nous arrive souvent de le menacer d’une sanction s’il ne respecte pas notre décision du moment sans riposter.
Prenons l’exemple des bonbons, biscuits ou autre gourmandise. Le moment est venu où votre enfant vous en réclame encore un. Vous comprenez alors qu’il ne mesure pas le nombre de friandises qu’il vient de manger et qu’il ne sait pas se satisfaire du plaisir qu’il vient de recevoir, s’arrêter et être raisonnable. Vous pouvez en être irrité voire agacé mais vous souhaitez avant tout ne pas céder. Alors, pour lui apprendre à se raisonner, vous lui dîtes : « Je t’en ai déjà donné beaucoup, si tu n’es pas content, la prochaine fois il n’y en aura pas du tout !».
Ou avec l’exemple du parc : « Et si tu râles, on ne reviendra plus au parc ! » L’enfant doit déjà gérer les émotions négatives générées par le devoir de quitter le parc alors qu’il s’y amusait beaucoup et il reçoit la menace de ne plus jamais y revenir.
Ou encore, une punition relative à quelque chose qui n’a pas de rapport : « Si tu ne t’arrêtes pas de réclamer, j’éteins ton dessin animé ! ».
L’enfant qui essaie de gérer sa déception de ne plus avoir de biscuits (qui provoque une grosse tempête en lui, on l’a vu précédemment), apprend au même moment qu’il en sera privé les autres fois ou privé de son autre plaisir.
Pour l’enfant, c’est la « double-peine ». Des couches de frustration, autrement dit un millefeuille d’émotions négatives. La 1ère étant déjà difficile à gérer pour l’enfant, les suivantes ne font que l’assommer. Le parent pense apporter des arguments pour que l’enfant fasse plus rapidement appel à la raison mais celui-ci ne peut traiter autant d’informations à la fois, surtout si chacune d’elles soulève un fort sentiment de frustration.
Tempête sur tempête ! Vous comprenez bien comme ça fait trop pour lui, et que cette information supplémentaire qui vient accroître sa déception, ne va pas l’aider à se calmer.
Voici comment gérer facilement la situation
Afin d’aider votre enfant à mieux appréhender la frustration, vous pouvez gérer la situation en amont. Pour cela, deux choses sont essentielles :
– Penser à prévenir votre enfant avant la fin du moment plaisir : Lui proposer un dernier biscuit en vous assurant qu’il a bien entendu que ce serait le dernier. Ceci s’applique aussi bien à d’autres situations telles que le parc, les écrans, les jeux, les sorties, etc.
– Se connecter aux vraies et bonnes raisons pour lesquelles on prend cette décision. Car il ne s’agit pas de 2 envies différentes qui s’opposent, la vôtre et la sienne, tel un caprice qui mène au conflit. Il s’agit de votre bienveillance de père ou de mère pour la santé et le bien-être de votre enfant.
Et n’oubliez pas, l’enfant a le droit d’exprimer son mécontentement ou son désaccord tout en obéissant.
Ma conclusion concernant cette situation de frustration
Loin de moi le jugement ou les pensées négatives à l’égard de tous les parents qui se reconnaîtront dans ces scènes courantes de la vie. Rassurez-vous, il nous arrive à tous de le faire, il est néanmoins important d’en prendre conscience et de comprendre comment ce processus résonne chez l’enfant et quel impact il a.
Alors bon courage, je vous souhaite le meilleur. Et si vous avez besoin de conseils plus précis et parfaitement adaptés à votre situation, n’hésitez pas à me contacter.